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"La politique de la mobilité déraille

Christine Salvé demande si

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La politique de la mobilité déraille

Christine Salvé Rédactrice en chef adjointe, Le Matin Dimanche [30.01.2011, page 2]

Celui qui rechigne à prendre le train pour aller travailler est considéré comme un flemmard qui n'arrivera jamais à rien dans la vie. En tout cas, c'est ce qu'on a cru. Tout nous pousse à bouger davantage: les hautes écoles se spécialisent et ce sont les étudiants qui doivent faire preuve d'un peu de souplesse, s'il vous plaît, c'est la moindre des choses à leur âge. Les employeurs ferment des centres de production peu rentables et déloca.lisent les employés. Côté santé, on diminue le. nombre des hôpitaux à tour de bras, et allez-y, même plié en deux de douleur, bougez-vous: «Je ne vois pas en quoi une opération de l'appendicite relève du génie cantonal», disait le président de SantéSuisse il y a deux ans. Le meilleur exemple de cette politique volontariste est la loi sur l'assurance-chômage, rédigée dans les années 80: un employé ne peut pas refuser un travail à moins de deux heures de la maison. La loi a été révisée, on l'a votée, mais ce chapitre-là n'a pas changé.

On nous voulait mobiles, et voilà qu'aujourd'hui: on nous dit le contraire. Le trend a changé et personne ne nous a avertis. La proposition de Doris Leuthard de faire finanacer en partie les infrastructures par les usagers eux-mêmes fait passer les pendulaires pour les dindons de la farce. Non seulement la crise du logement les empêche de se rapprocher des grandes villes où la plupart ont leur travail, mais en plus ils verront augmenter le prix de leur abonnement de train et de leur vignette autoroutière. Punis, les bons élèves. Et où sont aujourd'hui les grands théoriciens de la mobilité?

Les politiciens qui se préoccupent des grandes questions de société? Le débat sur le financement des infrastructures est mal emmanché. Il ne doit pas se résumer à qui va payer quoi. C'est un vrai débat de société, qui doit être mené par tous ses acteurs.

Lire page 5

Les patrons pas prêts à payer pour la mobilité.

TRANSPORTS Les pendulaires pourraient bientôt débourser 50% de plus qu'aujourd'hui alors que leurs employeurs ne les aident presque pas.
Stéphanie Germanier
stephanie. germanier@edipresse.ch

Les pendulaires tremblent depuis que Doris Leuthard a annoncé qu'ils al­laient devoir débourser encore da­vantage pour se rendre au travail. Jusqu'à 50% de plus afin de financer les infrastructures. Une proposition qui scandalise la Fédération romande, des consommateurs, prête à monter au créneau (lire ci -dessous), et qui lui donne aussi des idées: demander aux patrons (le faire un effort pour cofi­nancer avec leurs employés la mobi­lité dont ils profitent en plus d'en être la cause.

“Pas question”, répondent les employeurs. “Ce n'est pas de la faute des employés s'ils ne peuvent pas se loger sur leur lieu de travail, mais ce n'est pas celle des patrons non plus”, fait remarquer Blaise Matthey, direc­teur de la Fédération romande des en­treprises' qui pointe du doigt les pro­blèmes de logement dans les grands centres urbains.. “Tout se paie dans la

“Si les gens ne trouvent pas à se loger sur leur lieu de travail, ce n'est pas leur faute, mais pas celle des employeurs non plus”

BLAISE MATTHEY, DIRECTEUR DE LA FÉDÉRATION DES ENTREPRISES ROMANDES
vie. Si je veux absolument un ingé­nieur qui habite à une heure et bien je négocie cela avec lui. Il est inutile d'inscrire ce genre de pratique dans la CCT”, estime pour sa part le magnat de l'industrie du bois Jean- François Rime (UDC/FR).

Actuellement, l'employeur n'a aucune obligation légale de défrayer les trajets entre le domicile et le lieu de travail. Pourtant, certains le font. En payant une partie des abonne­ments aux transports publics, en mettant sur pied des plans de mobilité (covoiturage, service de bus d'entre­prise etc.) ou, au moins, en comptant les heures de déplacement comme des heures de travail. “Plutôt que de faire porter la responsabilité aux patrons, il faudrait leur donner des incitations financières pour. mettre sur pied des solutions de mobilité”, lance Blaise Matthey. Fournisseur de ces services, Antonio Hodgers confie qu'il y a encore du boulot à faire. “Lorsqu'on arrive chez de nouveaux clients, on se rend compte qu'ils privilégient les employés qui viennent au travail en voiture, en leur fournissant des pla­ces de parc gratuites. Or, il faudrait les rendre payantes pour distribuer cet argent aux pendulaires des transports publics”, propose le conseiller national Vert. “J'imagine de toute fa­çon que dans quelques années les employés travailleront une partie de la semaine à la maison. C'est une telle perte d'énergie et de temps de tra­vailler à Zurich et d'habiter à Berne”, conclut Jean-François Rime, en lançant une nouvelle piste de réflexion. .

www.lematin.ch/transports
Est-ce aux patrons de payer pour la mobilité?

"J'AI DÛ CHERCHER MON TRAVAIL LÀ OÙ IL ÉTAIT"

Mathieu Fleury, la Fédération romande des consommateurs, dont vous être le secrétaire général, monte au créneau pour dénoncer la mesure annoncée la semaine dernière par la Confédération de davantage taxer la mobilité et par là même les pendulaires. Pourquoi?

Parce que nous avons été abasourdis par le manque des réactions politi­ques à ce sujet. Aujourd'hui il n'y a pas de défenseurs des pendulaires, or ce sont des clients captifs en quelque sorte, une population qui n'a pas vraimentle choix.

Justement, la Confédération semble penser qu'ils l'ont puisqu'elle leur demande à demi­mot de moins penduler...

C'est invraisemblable. Durant des années on nous a serinés pour que l'on bouge davantage, pour que les tra­vailleurs soient plus souples, or au­jourd'hui on fait un pas en arrière in­compréhensible. Je suis d'accord d'ouvrir le débat sur notre mode de vie, mais alors il faut en parler dans sa globalité et pas seulement par le petit bout de la lorgnette. Si on veut s' atta­quer aux transports, il faut aussi sou­lever le problème de la crise du loge­ment dans les centres urbains ou de celui de la loi sur le chômage, qui oblige les travailleurs à accepter un travail à deux heures de chez eux.

Comment allez-vous vous battre?

La FRC considère que les intérêts des pendulaires .et des autres usagers mé­ritent d'être défendus avec vigueur. Nous refusons ce contre-projet pro­posé par le Conseil fédéral et conti­nuerons à défendre l'initiative de l'Association transports et environ­nements qui propose de privilégier le rail à la route et de le financer par la taxe sur les huiles minérales.

Pourquoi les pendulaires ne pourraient-ils pas mettre eux aussi la main au porte­monnaie, puisque Ïmalement, ils n'ont pas que des désavantages à bouger?

Franchement, je ne crois pas qu'on de­vient pendulaire parce que l'on peut dé­duire des frais de dé­placements aux impôts. Des déductions qui vont d'ailleurs fondre, selon le projet du Conseil fédéral. Et un récent sondage que la FRC a effectué avec Ouest rail auprès de 5000 personnes mon­tre que les Suisses ne veulent plus qu'on touche au prix des billets de train. Hausser les tarifs c'est s'attaquer en premier lieu à l'abon­nement général qui a été l'outil ma­jeur du développement des trans­ports publics en Suisse. Les pendu­laires ne le sont pas toujours par choix, mais aussi par contrainte.

C'est votre cas, vous qui habitez Fribourg et travaillez à Lausanne?

Oui. Je vis la situation à laquelle sont confrontés un grand nombre de couples ou de familles en Suisse. Mon épouse travaille à Fribourg et les enfants y sont scolarisés. J'ai changé de travail et j'ai dû aller le chercher là où il était: à Lausanne. De plus en plus de gens sont con­frontés à ce genre d'arbitrage.

La faute aux employeurs alors si on doit tant prendre le train?

En partie oui. D'ailleurs je pense qu'on est en droit de se deman­der si ceux-ci ne devraient pas eux aussi payer pour la mobilité de leurs employés qui pour l'heure semblent être les seuls à devoir passer à la caisse.
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