Ces maladies créées par l'homme
Prof. Dominique Belpomme, en collaboration avec Bernard Pascuito

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CES MALADIES CRÉÉES PAR L'HOMME
Comment la dégradation de l'environnement met en péril notre santé
Pr DOMINIQUE BELPOMME En collaboration avec Bernard Pascuito

Introduction
    "Il y a des temps - et je crois que celui-ci en est un - où il ne suffit pas de dire la vérité, il faut la crier." - GILBERT CRESBRON
    "Le caractère, c'est d'abord de négliger d'être outragé ou abandonné par les siens." - Général DE GAULLE
J'ai eu la chance de bien connaître Jacques Monod, après qu'il eut reçu le prix Nobel en 1965, mais je n'ai pu que suivre pas à pas le grand naturaliste Théodore Monod au travers de ses recherches, de ses voyages en Afrique et de ses ouvrages. Du premier j'ai appris la rigueur scientifique, du second le respect de la nature. Mais ni l'un ni l'autre de ces deux savants ne fut médecin, et c'est pour cela que j'ai creuse mon chemin en tentant d'adapter leur pensée a la médecine. C' est ce que je fais dans cet ouvrage, en y ajoutant la pensée des anciens Grecs et celle de la société actuelle.

Ce n'est pas un livre d'opinion. 11 est étayé sur des faits scientifiques qui jalonnent la pratique de la médecine et donnent un visage différent de la fac; on dont on doit conce­voir aujourd'hui la santé publique*. 11 traite des problèmes de santé mais pas de manière habituelle puisque, se refe­rant a Théodore Monod, il s’ouvre largement a la nature, a l’environnement, a la société, et finalement a l' écologie.

Mon approche est simple. En tant que cancérologue, je me suis aperçu que le cancer était une maladie que notre société fabriquait de toutes pièces et qu'il était en grande partie induit par la pollution de notre environnement. Je me suis pose la question essentielle de savoir s'il était une exception parmi les autres maladies ou, au contraire, un révélateur applicable a toutes. Or le constat est évident. Les maladies d'aujourd'hui ne sont plus les maladies naturelles d'hier. Elles sont toutes, ou presque, artificielles. C'est nous, c'est-à-dire notre société, notre civilisation, qui les induisons. Et c'est sans doute la le drame, car rien n'in­dique que notre médecine contemporaine ou celle de demain, malgré les progrès de la science, pourra les vain­cre, comme elle l'a fait au siècle dernier pour les maladies infectieuses. L'évolution de notre médecine est a un stade critique, et cela d'autant plus que la pollution chimique s'intègre a un phénomène plus grave: le réchauffement climatique de la planète par effet de serre.

C'est l'ensemble de ces problèmes que j'aborde, avec le regard d'un cancérologue entièrement dévolu a la cause de ses malades, d'abord a l'Institut Gustave-Roussy de Ville­ Juif, puis dans différents hôpitaux de l’Assistance publique de Paris, et la rigueur scientifique d'un chercheur qui a consacre plus de trente ans de sa vie à faire progresser les traitements du cancer, d'abord à l'Institut de cancérologie et d'immunogénétique (ICIG), puis au sein de l'Associa­tion française pour la recherche thérapeutique anticancéreuse (ARTAC). Or la conséquence insoupçonnée, bien qu'inéluctable, de cette expérience me conduit à considérer qu'aujourd'hui notre santé est menacée, en particulier celle de nos enfants, et que de main c'est la survie même de l'espèce humaine qui pourrait l'être.

Notre médecine contemporaine est issue des anciens Grecs et, plus anciennement encore, des Egyptiens. Deux mille huit cents ans avant notre ère, les Egyptiens, et en particulier le célèbre grand prêtre et architecte Imhotep, considéraient que le traitement des maladies ne pouvait résulter que d'une alliance entre les dieux et les hommes, en utilisant des recettes magiques relevant du sacre. Puis vint Hippocrate, cinq siècles avant notre ère. La médecine qu'il proposait était une symbiose entre l’observation rigou­reuse des faits médicaux et la morale dont témoigne son fameux serment, toujours considère comme essentiel, lorsqu'un étudiant en médecine soutient sa thèse, mais trop souvent oublie aujourd'hui, lorsque la médecine est aborde sous l'angle de la société. La véracité de la médecine hippocratique tenait à la place essentielle de l'être humain au sein d'une nature respectée. Hippocrate a été le premier a nier l'influence du sacré en médecine et sans doute le premier, notamment dans le fameux traite Des airs, des eaux et des lieux, a concevoir que santé et environnement sont indissociablement lies: un écologiste avant l'heure. Aujourd'hui, telle n'est malheureusement plus l'approche de notre médecine. Sans doute sommes-nous allés trop loin en rompant notre ancienne alliance avec la nature et en rendant notre médecine et notre santé tributaires d'un système économique aveugle, ayant exclu de ses objectifs la nature, la morale et même l'éthique. C'est pour cela qu'un mal-être croissant s'est empare de la grande majorité de nos concitoyens et que moi-même, en tant que médecin, je le ressens profondément dans la société actuelle.

La crise de santé que nous traversons est plus profonde qu'on ne le pense. Elle s'apparente à une crise de civilisa­tion qui, si on n'y prend garde, conduira a la fin du monde occidental, et cela même avant que la fin de l’espèce humaine en soit la conséquence. Dans ces conditions, il faut redonner à la médecine sa vraie grandeur. L'homme doit revenir à plus de morale et a plus de raison, en modi­fiant profondément son système de pensée et son système économique. Notre société ressemble a un Titanic où. Certains dansent la valse, d'autres, les plus nombreux, dorment - il faut les réveiller -, et seuls quelques-uns, ayant pris conscience du danger, tentent d'avertir le capitaine: les icebergs sont a l'horizon et nous fonçons droit sur eux. Notre siècle sera écologique ou nous ne serons plus.

Le caducée, emblème des médecins, n'est pas I'attribut d'Esculape, le dieu de la médecine chez les Latins, mais celui de Mercure, I'Hermès Trismégiste des Grecs, équivalent du dieu Thot des Egyptiens. 11 s'agit d'un bâton aile autour duquel s'entrelacent deux serpents. L'image est forte, mythique, bien que souvent perdue, oubliée, et de ce fait méconnue. Les serpents sont le symbole de la tentation et de la mort, alors que le bâton est celui du médecin-pèlerin de la Grèce antique. A l’époque, celui-ci se déplaçait pour secourir les malades. Le bâton servait à marcher, à se défendre, à avertir... Le caducée est donc le signe du héraut, le veilleur qui annonce les bonnes ou mauvaises nouvelles et qui, comme Hermès, délivre un mes­sage. C'est la tache de tout médecin, en se referant non seulement a Esculape, plus proche des Centaures et du sang de Méduse que des serpents, mais aussi a Mercure ou Hermès, celui qui, du fond de sa caverne emplie de ser­pents, porte le message, celui qui, franchissant la frontière entre les vivants et les morts, guide les âmes pour les conduire jusqu'au royaume d'Hadès.

Parce que je suis, avec d'autres, l'un de ces veilleurs, mon but est d'annoncer, de délivrer un message a l'adresse de nos concitoyens et de nos hommes politiques, et plus particulièrement au plus éminent d’entre eux, le président de la République. Pour convaincre il faut exposer, argumenter, discuter, ne pas s'enfermer dans une science, une rhétorique rebutante ou encore une polémique qui n'a pas lieu d'être, et s'ouvrir a la société civile, publier au sens étymologique du terme, c' est à dire rendre public en par­lant un langage commun. Puisse le contenu de ce livre être entendu, convaincre et se concrétiser par des actes.

Polluer est devenu aujourd'hui un crime contre l'humanité, et nous n'avons qu'un siècle pour sauver dix mille ans d'histoire.

* Voir sur ce sujet D. Belpomme : Les Grands Défis de la politique de santé en France et en Europe, Librairie Médicis, 2003. Préface de Gabriel Blancher, président de l'Académie de médecine. Tous les autres livres ou articles scientifiques cites dans le texte sont références p. 357. Pour les sigles et abréviations, voir p. 377.


resumé sur la quatrième de couverture du livre
Taux d'incidence de cancers d'enfance (Graphique)

Notice copyright : extraits du livre de 2004, éditions Albin Michel, Paris, 2004
Nous reproduisons cette matière pour son intérêt scientifique, sans but commercial.

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